Centre de rétention administrative de Sète : le collectif « excradiction » se mobilise contre l’enfermement des étrangers

Le Poing Publié le 21 juin 2018 à 19:40 (mis à jour le 27 février 2019 à 00:12)

L’entrée du centre de rétention administrative de Sète est occupée depuis onze jours : l’écrivain Tieri Briet s’est enchainé la cheville à un lampadaire et poursuit une grève de la faim pour réclamer la libération des étrangers menacés d’expulsion. Cette action individuelle s’inscrit dans une campagne plus large menée ces derniers jours par le collectif « excradiction générale » : affichage dans la ville, aide matérielle et juridique pour les enfermés, surveillance des conditions de détention, etc. Les policiers sont eux aussi mobilisés : une dizaine de syndicalistes d’Alliance police nationale étaient présents avant-hier à Nîmes, hier à Perpignan et ce matin devant le CRA de Sète. Ils réclament « de meilleurs conditions de travail » et souhaitent « défendre l’honneur de leurs collègues ». En réaction, le collectif « excradiction générale » a organisé ce matin un contre-rassemblement qui a réuni une cinquantaine de personnes : « on voulait montrer qu’on était plus nombreux à réclamer la fermeture des CRA » a expliqué Tieri Briet au micro. Des membres d’associations – excradiction générale, réseau éducation sans frontières, ligue des droits de l’Homme, Sète terre d’accueil, l’ordre des médecins – ont pris la parole pour alerter la population sur les conditions de vie de la vingtaine d’enfermés, dont des enfants, du CRA de Sète.

Maltraitance institutionnelle

« Le bâtiment est vétuste, les distributeurs de boissons ne fonctionnent pas, les plateaux-repas sont peu nourris, parfois périmés, et ne tiennent pas compte des régimes alimentaires des enfermés. N’importe qui peut se balader de chambre en chambre, il n’y a aucune intimité. » dénonce Michelle. Un autre membre associatif a porté des accusations graves contre la police aux frontières (PAF) : « Plus les enfermés réclament le respect de leurs droits, plus ils subissent des violences : intimidations, insultes racistes et mensonge du type ‘‘si tu fais le malin, demain je t’expulse’’. Le pire, c’est quand les policiers de garde de la PAF s’ennivrent au pastis et au vin blanc et ils emmènent les petits au mitard, au parloir ou dans les douches, là où il n’y a pas de caméra, et les attachent pour les tabasser ». Les membres associatifs accusent aussi la PAF de ne pas respecter l’obligation de prévenir le détenu avant l’expulsion par avion, et de garder les extraits d’acte de naissance qui pourraient permettre à certains enfermés d’être reconnu mineur.

Mouvement collectif dehors et à l’intérieur

Pour protester contre ces conditions de détention, les enfermés ont collectivement refusé de monter au réfectoire pour le dîner le 16 juin dernier. « En représailles, la PAF a refusé à l’un d’entre eux de recevoir la visite d’un proche venu de Lyon et a interdit aux visiteurs d’approvisionner les enfermés en nourriture. Les policiers font aussi exprès de faire attendre les visiteurs des heures devant l’entrée avant un parloir, quand les visites ne sont pas purement refusées » dénoncent des membres d’« excradiction générale ». Le collectif réclame « la fin des rafles et des expulsions, la suppression des tests osseux et génitaux, la régularisation d’Aly Sibidé et Moussa Kanté [deux enfants], la libération de tous les enfermés des CRA, la fermeture des CRA et que la ville de Sète devienne une ville refuge ». Prochain rendez-vous : dimanche 24 juin à 14h30 à l’Astragale (21 rue Pierre Sémard, Sète) pour « parler des stratégies et des actions pour lutter contre ses lieux d’extrême violence, qui ne cherchent rien d’autre que de dissuader les migrants par la terreur. »

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Volontaires au sein des milices kurdes YPG : ils racontent la révolution du Rojava-Syrie du Nord