Grève dans l’éducation : 800 manifestants à Montpellier

Le Poing Publié le 12 novembre 2018 à 17:53 (mis à jour le 25 février 2019 à 20:13)

Répondant à un appel national intersyndical à la grève dans l’éducation, environ 800 personnes – essentiellement des professeurs, les étudiants brillant par leur absence – ont manifesté ce matin à Montpellier. Les syndicats FNEC FP FO, CGT Éduc’action et Sud Éducation réclament dans un texte commun « l’arrêt des suppressions de postes et la création de postes statutaires nécessaires », « le retrait de Parcoursup, de la réforme du lycée et du baccalauréat, l’abandon de la réforme de la voie professionnelle et le retrait du projet de loi pour ‘‘l’école de la confiance’’, » et « l’abandon de la fusion des académies ».

« 2650 postes seraient supprimés à la rentrée 2019 »

Les syndicats affirment que « 2650 postes seraient supprimés dans le second degré à la rentrée 2019, auxquels il faut ajouter la suppression de 400 postes de personnels administratifs ». De son côté, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a annoncé la suppression de 1800 emplois pour l’année scolaire 2019-2020, le gouvernement souhaitant d’ici à la fin du quinquennat amputer la fonction publique de 120 000 fonctionnaires.

Lycées pro en danger

Concernant la réforme de la voie professionnelle, le gouvernement souhaite, selon un syndicaliste CGT du lycée Mermoz, « favoriser l’apprentissage au détriment du lycée pro ». Concrètement, la réforme Blanquer va créer des unités de formation en apprentissage dans les lycées pro et des « campus d’excellence » (ces-derniers étant qualifiés de « coquille vide » par un syndicaliste du Sneeta), diminuer le volume horaire de cours et augmenter le dispositif d’accompagnement personnalisé (qui, selon le récent collectif « Touche pas à mon lycée pro », ne « s’appuie sur aucun programme fixe […] et n’apporte pas de plus-value suffisante pour remplacer les heures d’histoires, d’économie et de français »). L’objectif global de cette réforme, selon une syndicaliste de Sud Éducation, est de « développer une main-d’œuvre pas chère au détriment de la formation ».

Méfiance pour l’école de la confiance

Le projet de loi pour « l’école de la confiance », évoqué par les syndicats, permettra notamment au gouvernement de légiférer par ordonnances pour le « nouveau découpage du territoire national pour l’organisation des services académiques », l’objectif étant de passer au 1er janvier 2020 de 26 à 13 académies. Pour l’intersyndical FNEC FP FO, CGT Éduc’action et Sud Éducation, c’est « un pas de plus vers une régionalisation de l’Éducation nationale et la remise en cause des règles nationales. Les autres dispositions essentielles de ce projet de loi [permettre à des surveillants et à des étudiants d’être en responsabilité devant des élèves, ndlr] sont en totale cohérence avec la remise en cause des garanties nationales avec la possibilité, sous couvert d’expérimentation, d’adapter localement les horaires d’enseignement ».

Une journée d’action sans lendemain ?

Le Snuipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, estime qu’un quart des enseignants n’a pas fait école ce lundi, tandis que le Snes-FSU, premier syndicat dans le secondaire, évoque près de 50% de grévistes dans les collèges et les lycées. De son côté, le ministère de l’Éducation nationale parle de 8,6% d’enseignants en grève dans le premier degré, et 13,7% dans le second degré. Au-delà de ces chiffres, certains manifestants ne cachaient pas leurs déceptions ce matin : « pour une mobilisation appelée par la plupart des syndicats, y’a pas grand monde… Il faut croire que certains grévistes ont préféré rester sous la couette ! » Du côté des étudiants de Paul Valéry, réprimés par l’administration, il n’y avait tout simplement aucun cortège. « C’est pas bon résume un manifestant, c’est comme si on disait au gouvernement : ‘‘allez-y, vous pouvez vous faire plaisir, on réagira pas…” » Ce ne sont en effet pas des « journées d’action » éparses qui permettront de faire plier un gouvernement déterminé à réduire en miettes nos conquis sociaux.

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