Archives - Littérature 2 mars 2015

John Fante, la noblesse de l’échec

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On ne lit pas John Fante comme on déguste un bon Châteauneuf-du-Pape dans un cocktail entouré de gens complaisants. Mais plutôt comme de la vinasse amère que l’on picole assis sur un trottoir en pensant aux désillusions de la vie. Sans fioritures ni manières, son écriture n’a rien de gracieuse. Elle transpire l’existence.

Fils d’immigrés italiens, né en 1909 dans le Colorado, John Fante a grandi sous l’autorité d’un père alcoolique poseur de briques et l’amour d’une mère au foyer croyante. Après avoir abandonné l’idée de devenir joueur de baseball professionnel, à 20 ans, notre jeune homme prend la route pour Los Angeles sur un coup de tête. Enfin libre, il rêve désormais d’être un écrivain riche et célèbre. Jeune et naïf, il ne se doute pas qu’une vie bien loin des strass et des paillettes l’attend là-bas.

Relations amoureuses dévastatrices, hôtels miteux, alcool et débrouillardise, tel est le quotidien de fortune que nous raconte John Fante avec humour et douleur. Il ne s’épargne pas. Bandini (nom du protagoniste dans ses livres) a un caractère de chien, des obsessions sexuelles gênantes et des idées tordues. Il n’est pas le genre de pote que l’on voudrait avoir.

Reconnu surtout après sa mort, John Fante a inspiré tout une tradition littéraire dont la fameuse génération Beatnik. Sans complexes ni artifices, il a été un des premiers écrivains à sacrer la vie des déviants à travers ses livres. Il a su nous conter la noblesse de l’échec.

 

Merlin

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