Les détenus se sont révoltés dans au moins 15 prisons ces 10 derniers jours

Le Poing Publié le 27 janvier 2018 à 17:31 (mis à jour le 28 février 2019 à 20:04)
La révolte de la prison de Nancy (15 janvier 1972) © Gérard Drolc

Dès qu’une mobilisation éclate pour réclamer plus de sécurité, elle fait la une des médias et se place au centre du débat politique. C’était le cas à l’automne 2016 lorsque des policiers armés et cagoulés défilaient dans la rue aux cris de « la racaille, en prison » et c’est le cas en ce moment avec les matons qui bloquent les prisons pour en finir avec le « laxisme » et réclamer l’obtention de tasers. Il y a des voix, en revanche, qui intéressent moins les grands médias et les politiciens : celles des pauvres, des exclus, des habitants des quartiers populaires et bien évidemment, celles des prisonniers. « Nous ne sommes pas des bêtes, nous sommes des êtres humains, et nous refusons d’être enfermés et renvoyés à des faits qui feraient de nous des parias, sans droits et sans dignité. Nous en appelons aujourd’hui à toutes celles et tous ceux qui, à l’extérieur, luttent contre les violences d’État. Nos mobilisations sont vaines si nous ne sommes pas soutenus et si les acteurs des luttes actuelles ne se font pas écho de nos combats. » Ces mots, extraits d’une tribune d’un collectif de détenus de Fleury-Mérogis, nous rappellent que nous sommes tous responsables de l’horreur carcérale. De l’autre côté des murs, des miradors et des barbelés, faisons exister les voix de celles et ceux que personne n’écoute.

Prison de Fleury-Mérogis, 18 janvier 2018 : « Un total de 123 détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) refusaient jeudi de regagner leur cellule et des équipes d’intervention étaient en route pour mettre fin à ce mouvement. » (Europe 1)

Prison de Maubeuge, 20 janvier : « [Le 20 janvier], en fin de matinée, une mutinerie a été menée par les prisonniers incarcérés à la prison de Maubeuge. L’intervention des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) a permis un retour au calme, peu avant 15 heures. [Le lendemain], en milieu après-midi, une cinquantaine de détenus ont refusé de regagner leur cellule, à l’issue de leur sortie dans la cour. (La Voix du Nord)

Prison de Sequedin, 21 janvier : « 160 détenus, sur les 700 que compte la prison, sont restés dans deux cours de promenade et ont refusé de regagner leurs cellules, vers 15 heures. […] Les équipes régionales d’interventions et de sécurité (Eris) sont entrées en action vers 16 heures. » (Le Courrier picard)

Prison de Pau, 22 et 23 janvier : « [Le 22 janvier], 25 prisonniers ont refusé de rejoindre leur cellule durant quelques heures. Ils sont restés dans la cour de promenade. » (France 3) « [Le lendemain], une surveillante de la Maison d’arrêt de Pau (Pyrénées-Atlantiques) a été blessée par un détenu mineur dans l’après-midi. » (Le Parisien)

Prison de Beauvais, 23 janvier : « [Le 23 janvier], Deux surveillants du centre pénitentiaire de Beauvais ont été agressés ce mardi matin par un détenu. […] Les deux agents ont été conduits à l’hôpital. » (Le Parisien)

Prison de Nantes, 22 et 24 janvier : « [Le lundi 22 janvier], Une quarantaine de détenus a refusé de réintégrer les cellules, à la maison d’arrêt de Nantes. Cela s’est produit à l’issue du deuxième tour de promenade, qui réunissait 80 détenus, au total. ‘‘Les équipes régionales d’intervention et de sécurité ont été déclenchées afin de mettre un terme à l’incident’’, a indiqué une source syndicale. » (France 3) « [Deux jours plus tard, le 24 janvier], Dans quatre cours de promenade, des détenus ont refusé de regagner leur cellule. » (Ouest-France)

Prison de Rennes-Vezin, 23 janvier : « A l’issue de leur promenade, 76 détenus ont refusé de remonter dans leur cellule. Selon un surveillant, “ils ont forcé les grilles des cours et sont allés sur les chemins de ronde.”. Des incendies ont été vus. “Des détenus ont fait brûler un drap dans la cour et un autre a jeté par la fenêtre de sa cellule, un engin incendiaire sur le toit qui a mis le feu à quelques détritus jetés là.”, a précisé la directrice de cabinet du préfet, Agnès Chavanon. » (France Bleu)

Prison de Valence, 23 janvier : « Dans la nuit de lundi à mardi, un détenu a mis le feu à son matelas. […] Plusieurs prisonniers ont refusé de quitter la cour, à la fin de la promenade. Il y aurait eu une soixantaine de détenus réfractaires. Les ERIS, les équipes régionales d’intervention et de sécurité, (qui sont chargées d’intervenir en cas de tension dans les prisons), sont arrivées sur place peu après 13h30. Une demi-douzaine de voitures au total. Les agents ont progressivement fait remonter les détenus dans leur cellule, un processus qui n’était pas encore terminé en fin d’après-midi. » (France Bleu)

Prison de Laval, 23 janvier 2018 : « Une vingtaine de détenus de la maison d’arrêt de Laval (Mayenne) ont refusé de regagner leur cellule […] en fin de journée. L’équipe régionale d’intervention et de sécurité de l’administration pénitentiaire est intervenue, accompagnée des policiers de Laval. (Ouest-France)

Prison de Metz et Varennes-le-Grand, 23 janvier 2018 : « Des refus similaires [refus de remonter en cellule] ont été signalés à Metz, Laval et Varennes-le-Grand. » (Le Parisien)

Prison de Longuenesse, 24 janvier : « A l’heure des parloirs, les détenus de la prison de Longuenesse refusent de rentrer de promenade […] Vers 15h, les professionnels des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) interviennent pour ramener les détenus dans leurs cellules » (La Voix du Nord)

Prison de Villefranche, 24 janvier : « Une quarantaine de détenus a refusé de remonter de promenade, en réaction à ce conflit, ce qui a nécessité l’intervention des Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité). » (Le Patriote)

Prison de Meaux-Chauconin, 24 janvier : « Pendant l’après-midi, un incident s’est produit. En effet, des détenus ont eu le droit de sortir de leur cellule et d’aller en promenade. Mais au moment de rentrer, vers 15 h 20, soixante-dix d’entre eux ont refusé de retourner dans leur cellule. » (Actu.fr)

Prison de Moulins-Yzeure, 25 janvier : « Une soixantaine de détenus de la maison d’arrêt de Moulins-Yzeure ont refusé de remonter dans leur cellule à l’issue de la promenade. Vu la tension, les forces de l’ordre se sont déployées en nombre. Près de cinquante d’hommes des Éris de Lyon et Paris (équipes spécialisées dans les interventions en milieu carcéral), renforcées par une dizaine de CRS, arrivés le matin pour débloquer la prison, sont intervenus. A 19 h 30, les détenus ont regagné les étages et leur cellule sans incident. n revanche, ils ont commis des dégradations à l’intérieur de la maison d’arrêt. Ils ont cassé les portes des deux cours de promenade situées de part et d’autre du stade. Ils se sont donc retrouvés sur le stade et sur des zones qui leur sont en principe interdites. » (La Montagne)

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