Les étudiant·e·s des beaux-arts de Montpellier occupent leur école

Le Poing Publié le 14 décembre 2018 à 15:13 (mis à jour le 25 février 2019 à 18:18)

Depuis mardi après midi, les étudiant·e·s des beaux arts de Montpellier, institution habituellement réputée pour sa déconnexion avec les mouvements sociaux, s’organisent pour soutenir les gilets jaunes. Retour sur une mobilisation inédite qui brise (un peu) l’image d’un milieu artistique hors du monde réel.

Un mouvement venu de Toulouse

Lundi dernier, l’occupation de l’école des beaux-arts de Toulouse est votée en assemblée générale (AG) par environ 80 étudiant·e·s, avec l’envie de participer aux mobilisations sociales en cours. La nouvelle se répand vite jusqu’à Montpellier, et mardi midi, 74 personnes sur 75 présentes en AG votent l’occupation « pacifique » du bâtiment A. « L’idée, c’est pas de bloquer. On laisse l’accès libre aux cours, mais on occupe l’école pour en faire un lieu de vie et de réflexion collective » explique une occupante. Mardi à 17h, une deuxième AG se tient, avec cette fois-ci la présence du personnel administratif et de Christian Gaussen, le directeur de l’école, favorable à l’occupation pacifique des locaux, qui a débuté mercredi soir.

« Faut-il se réapproprier le fluo ? »

Les étudiant·e·s des Beaux arts ne sont pas réputés pour leurs pratiques contestataires, et cela se ressent par leur difficulté à organiser des AG et à porter des revendications. Certain·e·s ont conscience de la déconnexion du monde de l’art par rapport aux enjeux de société et veulent réintroduire une dimension politique, contestataire, émancipatrice et populaire de l’art. « Je n’ai pas envie de faire de l’art contemporain ou de vendre dans les galeries, le système mondial qu’on subit se retrouve dans l’art et c’est aussi ça qu’on doit dénoncer » peut-on entendre dans l’assemblée. D’autres semblent effrayer à l’idée de porter des revendications politiques, et préfèrent « sensibiliser » la population à travers la pratique artistique. Les débats sont inattendus : que représente le jaune ? Comment s’en saisir ? Faut-il se réapproprier le fluo et les bandes réfléchissantes à des fins artistiques ? Quelqu’un propose de faire un « Burning’ Manu » (comprenez une statue de Macron à brûler) mais il se fait retoquer au motif que ce serait « trop radical ». L’échange se poursuit, la discussion est constructive. L’ambiance est à l’écoute et à la création collective.

Quelles perspectives ?

Ce jeudi après-midi, les étudiant·e·s mobilisé·e·s ont préparé des affiches et des banderoles à placer devant leur école. La participation à la manifestation de ce samedi a été votée en AG et plusieurs groupes s’organisent déjà pour préparer des « performances ». Des AG similaires se sont tenues dans les écoles des beaux-arts de Nantes et Nancy. Le mouvement est un peu perché, mais l’envie d’élaborer collectivement quelque chose pour participer aux mobilisations sociales est néanmoins réel, et salutaire. Une occupation à suivre de près !

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