Montpellier : deux rassemblements ce samedi pour défendre les droits des personnes migrantes

Le Poing Publié le 5 octobre 2018 à 19:37 (mis à jour le 21 octobre 2018 à 18:33)

Photo prise lors d’un rassemblement devant le Prahda de Villeneuve-lès-Maguelone, le 13 janvier 2018.

Montpellier Poing Info, 5 octobre 2018 – Alors qu’une poignée de militants d’extrême-droite du groupuscule Génération identitaire ont été placés en garde à vue cet après-midi pour avoir délogé de leurs locaux des membres de l’ONG SOS Méditerranée,(1) des milliers de personnes s’organisent à la veille d’une grande journée de mobilisation pour soutenir les personnes migrantes. 57 rassemblements sont prévus demain un peu partout en France, dont 15 à l’appel de SOS Méditerranée.(2) À Montpellier, le collectif « Bienvenue Migrant·e·s 34 » appelle à un rassemblement à midi sur la place de la Comédie – suivi d’une marche jusqu’à la préfecture et d’un pique-nique partagé – pour « l’application effective du droit d’asile en France »,(3) et SOS Méditerranée appelle la population à se rassembler en tenue orange sur cette même place de la Comédie à 14h30 « pour permettre à l’Aquarius de reprendre sa mission de sauvetage le plus rapidement possible. »

Règlement Dublin en ligne de mire

Le collectif « Bienvenue Migrant·e·s 34 » appelle la population à venir avec une couverture de survie « pour rappeler que lorsqu’on expulse des personnes migrantes, on les met à la rue ». Le collectif revendique toujours l’abrogation du règlement Dublin, qui oblige le premier État de l’Union européenne par lequel est entrée une personne migrante à traiter l’examen de sa demande d’asile. Concrètement, cela permet à la police d’expulser une personne migrante vers le premier pays de l’Union européenne par lequel elle est entrée. « Pour nos camarades demandeurs d’asile à Montpellier, il s’agit très souvent de l’Italie ou l’Espagne, car leur position géographique en font les premiers pays d’arrivée, pays dont les capacités d’accueil sont surchargées… précise le collectif. Depuis quelques années, la France a systématisé l’application de cette procédure, ce qui lui permet de se défausser sur d’autres pays européens de sa responsabilité en matière de protection internationale et cela au prix d’une législation de plus en plus restrictive et de pratiques sans cesse plus inhumaines et expéditives. Cela a des conséquences très concrètes pour les personnes que nous accompagnons : après des parcours traumatiques, ils sont assignés à résidence, enfermés dans les centres de rétention, poussés à l’errance ou expulsés vers des pays européens où ils se retrouvent à la rue et qui parfois n’hésitent pas à les renvoyer vers leur pays d’origine. Or les pays européens ne sont pas tenus d’appliquer la procédure Dublin : le préfet de l’Hérault a aujourd’hui la capacité de “dédubliner” les personnes qui le demandent. »

Le gouvernement français refuse d’aider l’Aquarius

Les rassemblements de SOS Méditerranée, qui se veulent « pacifiques et apolitiques », se donnent quant à eux pour objectif de « demander aux États européens de faire respecter le devoir d’assistance aux personnes en détresse en mer et d’assumer leurs responsabilités étatiques en établissant un véritable modèle de sauvetage en Méditerranée. » L’équipage du navire de SOS Méditerranée, l’Aquarius, revendique avoir sauvé plus de 27 000 personnes dans les eaux internationales.(4) Mais, sous pression du gouvernement d’extrême-droite italien,(5) le Panama a décidé de retirer le pavillon(6) qu’il avait octroyé au navire. Depuis 2014, l’Organisation internationale pour les migrations recense plus de 17 000 morts et disparus en Méditerranée(7) et pourtant, le gouvernement français a indiqué qu’il refusait d’octroyer un pavillon à l’Aquarius.(8)

Sources et définition :

(1) « Le groupe d’extrême droite Génération identitaire envahit les locaux de SOS Méditerranée, 22 militants interpellés », France Info, 5 octobre 2018.
(2) « Rassemblements citoyens pour l’Aquarius », SOS Méditerranée.
(3) « Rassemblement de soutien aux demandeurs d’asile : RV samedi 6 octobre à 12h, place de la Comédie », Bienvenue Migrant·e·s 34.
(4) « Le mot du jour : Aquarius », Ouest-France, 12 juin 2018.
(5) « Sans pavillon, l’Aquarius n’a pas dit don dernier mot », L’Humanité, 5 octobre 2018.
(6) Le pavillon est un drapeau hissé sur un bateau indiquant sa nationalité et nécessaire pour naviguer.
(7) « Combien de migrants sont morts en Méditerranée ? Où sont-ils enterrés ? », Libération, 9 août 2018.
(8) « Aquarius: “C’est le rôle de l’État de garantir les frontières, de personne d’autre”, estime Benjamin Griveaux », BFMTV, 4 octobre 2018.

 

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Répression à Montpellier : le militant Jules Panetier de nouveau convoqué par la police