Plan étudiants : la lutte des classes vibre à l’assemblée générale de la faculté de droit et de science politique de Montpellier

Le Poing Publié le 22 mars 2018 à 03:19 (mis à jour le 27 février 2019 à 13:51)
Assemblée générale de la faculté de droit et de science politique de Montpellier sur le plan étudiants du 21 mars 2018

Plus de cent étudiants et quelques professeurs se sont réunis hier soir à la faculté de droit et de science politique de Montpellier pour discuter du plan étudiants. De mémoire du concierge, c’est la deuxième assemblée générale (AG) de l’histoire de cette université, la première s’étant tenue en 2006, lors du mouvement social contre le contrat première embauche. Le débat était tranché et a fait rejaillir clairement la présence de classes sociales antagoniques.

« On a un certain standing à respecter »

« On n’a pas envie de se retrouver avec une faculté comme celle de Paul Valéry, on a un certain standing à respecter si on veut continuer à avoir un rayonnement à l’international. » Ce « on » sort de la bouche d’une membre des « Z’élus », une association officiellement « apolitique », mais qui a mobilisé une quinzaine de membres lors de cette AG pour s’opposer à toute forme de mobilisation active sur la faculté de droit et de science politique. Leur démarche est soutenue par plusieurs dizaines d’étudiants, dont certains ont des discours peu portés sur le social : « Pourquoi on serait choqué de la sélection à l’université alors que la sélection naturelle existe déjà ? À un moment donné, faut être réaliste. » ou bien encore « Ceux qui bloquent les facs sont utopiques. Ça sert à rien de vouloir changer les choses. Il y a toujours eu des riches et des pauvres, et la vérité, c’est que l’inégalité existera toujours ». Un orateur audacieux tente une synthèse : « Moi, je ne propose rien, que la faculté de droit ne se mobilise pas, pas du tout ».

« Vous êtes des bourgeois »

Au grand désespoir de la modératrice de l’AG, les interventions sont souvent nourries par des tonnerres d’applaudissements, y compris celles des partisans de la mobilisation, qui traitent les « Z’élus » de « bourgeois qui cherchent à écraser les pauvres », glorifient le « service public, qui profite à tous, y compris aux riches », dénoncent « l’égoïsme de certains, qui préfèrent penser à leur filière et à leur petite année alors qu’on parle de l’avenir sacrifié de plusieurs centaines de milliers d’ados » et revendiquent « une université gratuite, critique, populaire et émancipatrice ».

Prochaine AG le mercredi 28 mars à 18h

L’AG a finalement voté pour appeler à la manifestation pour la défense des services publics de ce jeudi 22 mars ; pour mandater quelqu’un lors de la coordination nationale étudiante de samedi prochain à Toulouse ; pour créer un comité de mobilisation chargé d’appliquer les décisions de l’AG (38 contres, 71 pour) ; pour organiser une AG rassemblant toutes les facultés de Montpellier (et concernant non seulement les étudiants, mais aussi les membres du personnel) ; et pour voter d’une manière électronique lors des prochaines AG (45 contres, 56 pour), proposition qui sera vraisemblablement difficilement applicable. Les résultats de ces votes indiquent que la faculté de droit et de science politique de Montpellier a fait un premier pas vers la lutte sociale. Osera-t-elle confirmer cet élan ? Réponse lors de la prochaine AG, le mercredi 28 mars à 18h.*

Note :

*La proposition d’organiser une nouvelle assemblée générale le mercredi 28 mars à 18h (probablement dans l’amphi 001 du bâtiment 2, même si l’information reste à confirmer) a été adoptée à 65 pour et 45 contres.

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