Rassemblement de soutien aux migrants : 300 personnes devant la préfecture de Montpellier

Le Poing Publié le 19 décembre 2017 à 19:14 (mis à jour le 28 février 2019 à 20:27)

Environ 300 personnes se sont réunies hier devant la préfecture de Montpellier à l’occasion de la journée internationale des migrants pour réclamer l’arrêt des expulsions massives de réfugiés et de sans-papiers. Plusieurs migrants et militants du collectif Bienvenue migrants 34, l’organisation à l’initiative du rassemblement, ont pris la parole pour dénoncer « une politique migratoire criminelle » et « l’hypocrisie du gouvernement qui prétend accueillir des réfugiés mais qui fabrique en même temps des machines judiciaires et policières pour en expulser le plus possible ».

« Le gouvernement met en place une militarisation des frontières »

Les militants du collectif exigent la fin du règlement Dublin, selon lequel l’État responsable de la demande d’asile d’un migrant est le premier pays par lequel il est entré sur le territoire européen : « En systématisant la procédure Dublin, les préfectures refusent d’enregistrer les demandes d’asiles, assignent à résidence et programment les expulsions vers des pays d’entrée en Europe : Italie, Espagne, Allemagne… Or, non seulement les conditions d’accueil dans ces pays peuvent être pire qu’en France, mais, de plus, ils expulsent à tour de bras vers les pays d’origine que les personnes ont fui : Soudan, Tchad, Niger, Guinée, Afghanistan… »

Le projet de loi « asile et immigration », prévue pour mars 2018, a aussi été sévèrement critiqué par les militants, qui y voient un moyen de « durcir les conditions d’accès aux titres de séjour et d’augmenter les reconduites forcées et les non-admissions sur le territoire. Avec ses instructions aux préfets datant du 20 novembre, le ministre de l’intérieur, donc l’État français, met en place son projet de loi avant même qu’il ne soit publié. Ces instructions organisent l’enfermement, le tri et la déportation des demandeurs et demandeuses d’asile (fichage généralisé, mise en place de nouveaux centres de transits, organisation de charters… ) Autrement dit, l’objectif du gouvernement est d’enfermer de manière quasi-systématique les demandeurs et demandeuses d’asile présents sur notre territoire, pour mieux les expulser.

Ce projet de loi s’articule à la fois avec le dispositif européen “régime d’asile européen commun”, qui vise à réduire les entrées sur l’espace européen, et avec la “loi terrorisme”, promulguée le 30 octobre 2017, qui renforce notamment le contrôle aux frontières, en étendant les zones de contrôle et en légalisant le contrôle au faciès, accentuant les moyens de non-admission sur le territoire. Le gouvernement met donc en place une militarisation des frontières pour empêcher les réfugiés de les franchir, conduisant à davantage de morts en Méditerranée, dans les Alpes, etc. »

« Nous voulons que cesse ce calvaire »

Face à un silence de plomb, un migrant a lu publiquement une lettre qui a ensuite été remise au préfet de l’Héraut lors d’une entrevue avec des membres du collectif Bienvenue migrants 34 : « Nous avons quitté des pays en plein chaos. Nous avons bravé le désert avec toutes ses atrocités. Nous avons risqué nos vies à travers la Méditerranée. Nous avons traversé les montagnes dans la peur et le froid. On nous a parqué derrière des barbelés, entassé dans des camps comme des criminels, et pour finir, forcé par la violence, les contraintes et les menaces, à laisser nos empreintes dans des pays où nous ne voulons pas vivre. Dans ces pays où nous sommes rejetés, sans soins, sans logement, sans nourriture, en proie au racisme, notre condition est indigne d’une existence humaine, en particulier en Italie où nous sommes arrivés nombreux et où nous sommes à la rue […]

Nous demandons : la levée de la procédure Dublin pour toutes et tous ; la levée de l’assignation à résidence, menace permanente au-dessus de nos têtes ; l’annulation des dispositifs PRAHDA, établissements dans lesquels rien n’est facile : pas d’apprentissage de la langue, pas de moyens d’intégration, difficulté pour accéder aux soins, courriers filtrés retardant les recours possibles ; qu’on arrête d’expulser de force nos camarades ; qu’on nous écoute, qu’on nous ouvre les portes de l’avenir avec l’accès à l’éducation, la formation professionnelle pour toutes et tous. Nous voulons que cesse ce calvaire ! Qu’on nous donne enfin l’asile ! » Réponse du préfet à l’issu de l’entrevue : en 2018, il y aura encore davantage de personnes expulsées qu’en 2017.


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