Réforme de l’enseignement professionnel : première mobilisation syndicale à Montpellier pour les profs de la région

Le Poing Publié le 27 septembre 2018 à 22:23 (mis à jour le 26 février 2019 à 23:44)

Ce jeudi, les syndicats des lycées professionnels étaient en grève pour s’opposer à la nouvelle réforme du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. À Montpellier, c’est une intersyndicale regroupant la CGT, le SNUEP-FSU et Sud Éducation qui a appelé à se rassembler en début d’après-midi devant le rectorat. Mobilisation suivie par une cinquantaine de professeurs de la ville, mais aussi de Nîmes ou d’Alès.

« Casser une voie professionnelle originale »

Pour Matthieu Bravant, délégué syndical de la CGT Éduc’Action, « cette réforme a pour objectif de supprimer au moins 4 000 emplois dans les lycées professionnels. Sur l’académie de Montpellier, on parle de 250 à 300 suppressions de postes, même s’il n’y a pas encore de chiffres officiels. Les enseignements généraux vont donc se retrouver profondément modifiés. La filière gestion administrative va même totalement disparaître. Moi, par exemple, je suis prof de maths, et ce qu’on va me demander, c’est tout simplement d’avoir une vision utilitariste de mon métier, c’est-à-dire faire des maths appliquées seulement pour le métier et pas pour se former comme citoyen. Ça s’accompagne d’une réduction du volume horaire sur toutes les matières dites généralistes. J’aurais par exemple 100 heures de moins en bac pro. On est donc clairement sur une réforme qui a pour but de casser la voie professionnelle au lycée, qui était pourtant très originale dans le monde par son alliance entre la formation à un métier et la formation à un esprit critique. C’est une politique très réactionnaire qui est portée. »

« On veut nous faire peur »

Réforme Blanquer ou pas, et malgré les avantages comparatifs persistants du système français, l’enseignement professionnel est déjà saigné à blanc depuis des décennies. D’après un autre participant au rassemblement, non-syndiqué et professeur de maths-sciences à Alès, « ces nouvelles suppressions de postes aggravent un contexte déjà pénible pour tout le monde, profs, parents et élèves. Par exemple, pour les stages de fin d’études dans mon lycée, il y a 120 élèves dans le besoin pour 60 places disponibles en entreprise à Alès et aux alentours. Et aucun dispositif officiel pour favoriser la mobilité des stagiaires. La casse sociale va de plus en plus vite, et le gouvernement le fait exprès. C’est pour ça qu’il y a ces cordons de police devant le rectorat aujourd’hui. Maintenant, la présence de la police, c’est devenu systématique, même pour des petits rassemblements. On veut nous faire peur pour que les choses passent en force. »

« Une journée de grève ne suffit pas »

Et Matthieu Bravant, le délégué syndical CGT, d’ajouter : «  On fait une grève unitaire aujourd’hui, puis on va s’inscrire dans les prochaines mobilisations. On sait qu’une journée de grève ne suffit pas. Aujourd’hui c’est modeste, mais on voulait marquer le coup, comme pour dire qu’il y a des lycées pros où il se passe quelque chose. Les taux de grévistes sont intéressants sur l’académie, ça monte jusqu’à 50% dans pas mal de bahuts. Pour la suite, il y aura une réunion nationale à Paris et on participera à la journée de grève interprofessionnelle du 9 octobre. »

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