150 personnes manifestent à Montpellier contre les violences faites aux femmes

Le Poing Publié le 25 novembre 2017 à 12:58 (mis à jour le 28 février 2019 à 21:43)

Environ 150 personnes, essentiellement des femmes, ont participé hier soir à une marche féministe non-mixte contre le patriarcat, la domination hétérosexiste, le harcèlement de rue et les discriminations faites aux homos, lesbiennes, trans’, queers et personnes intersexes. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de libération de la parole des femmes, d’abord à travers les réseaux sociaux via les hashtag #metoo et #balancetonporc, puis dans la « vraie vie » lors des rassemblements du 29 octobre dernier sur la place de la Comédie et celui du 25 octobre devant la cour d’appel, au cours desquels des femmes ont témoigné publiquement de cas de harcèlements et d’agressions sexuelles. La manifestation d’hier soir est aussi un clin d’œil à la journée internationale contre toutes les formes de violences faites aux femmes, qui a lieu aujourd’hui même. Ce soir, d’autres marches féministes, non-mixtes pour la plupart, auront lieu à Toulouse, Rouen, Brest, Rennes et Tours.

Nous ne voulons pas être courageuses dans la rue, nous voulons y être libre

Discours lu lors de la marche féministe non-mixte de Montpellier du 24 novembre 2017 : « Nous sommes des féministes, des femmes, des meufs, des lesbiennes, des trans, des tapettes, des intersexes, organisées ou non dans différents collectifs et associations. Nous luttons contre l’hétéropatriarcat, contre toutes les formes de domination et d’exploitation. Nous reprenons la rue ensemble pour rendre visible et dénoncer toutes les formes de violences dont nous sommes la cible, dans la rue comme ailleurs. Nous ne voulons cesser d’être courageuses dans la rue, nous voulons y être libres d’aller et venir à n’importe quel moment et dans n’importe quelle tenue, seule ou à plusieurs, sans y subir le harcèlement et les discriminations.

Parce que nous voulons être libres et en sécurité dans nos maisons, nos familles, nos immeubles, nos lits et nos lieux de travail. Derrière les murs, nos agresseurs discriminent, humilient, frappent ou violent. Nous prenons l’espace publique comme d’autres ont pris leurs claviers pour que cessent les violences dans l’espace privé et parce que nous en avons marre de la construction sociale genrée qui nous inculque dès le plus jeune âge la peur, l’incapacité à se défendre, la vulnérabilité, la soumission aux regards et aux désirs des hommes. Nous en avons marre de devoir faire face aux sifflements, à la drague crasseuse, aux commentaires, insultes, menaces et autres rappels à l’ordre genré. Parce que nous en avons marre de la lesbophobie qui s’est particulièrement intensifiée depuis l’émergence de la Manif pour tous et qui s’est traduit dans un déchaînement d’agressions verbales comme physiques. Les lesbiennes ne sont pas des déviantes tarées à éduquer ou à corriger. Parce que nous en avons marre de cette homophobie et de ce virilisme qui s’abat sur les pédés parce qu’ils ne cachent pas leur préférence sexuelle, qui serait identifiée du côté d’un féminin immoral. Parce que nous en avons marre de la psychiatrisation des personnes trans’, qui ne peuvent pas vivre leur genre librement sans avoir à se justifier et à lutter en permanence contre l’administration, les institutions, la médecine. La transphobie doit être reconnue comme une composante à part du système sexiste que l’on combat. Parce que nous en avons encore et toujours marre du diktat de la binarité des genres et des sexes et de ses conséquences graves sur les personnes intersexuées, qui naissent avec des organes sexuels autres, qui sont systématiquement mutilées par des chirurgies correctives à la naissance et/ou des traitements hormonaux à vie pour correspondre aux normes du sexe que les médecins ont choisi pour il ou elle.

Parce que nous en avons marre que les violences sexuelles soient si souvent passées sous silence et que les institutions, à commencer par la justice et l’éducation, se déchargent de leurs responsabilités. La honte doit changer de camp. Parce que nous en avons marre que les travailleuses du sexe soient toujours plus stigmatisées, criminalisées, éloignées des centres-villes donc encore plus précarisées et mises en danger. Parce que nous en avons marre que des arguments féministes soient utilisés à des fins racistes et islamophobes et que des femmes soient exclues d’une manière massive de l’école et de l’emploi au prétexte de les libérer sans jamais que leur voile ne soit entendu. Parce que nous en avons marre d’être reléguer aux emplois les plus précaires et les plus mal payés. Parce que nous en avons marre que le modèle hétéropatriarcal impose sa toute puissance et sa morale du bien-vivre.

Nous marchons ensemble afin de montrer que nous sommes solidaires. Nous nous réapproprions l’espace public et tentons d’apporter une réponse collective au climat d’oppression sexiste ambiant. Nous avons choisi de nous soutenir et de nous assumer ensemble. De nous sentir fortes et puissantes quelles que soient nos différences de vies ou de vécu. Nous disons haut et fort que nous voulons être libres, libres de circuler où bon nous semble, libres comme bon nous semble, et que nous voulons disposer de nos corps, et désirer comme nous le voulons. Nous voulons la liberté pour toute personne de choisir son genre, sa manière de l’exprimer ainsi que celle de ne pas en choisir. »

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