L’Utopia 3 menacé d’expulsion : 170 personnes risquent de se retrouver à la rue

Le Poing Publié le 24 septembre 2018 à 18:11 (mis à jour le 26 février 2019 à 23:55)
Entrée de l'Utopia 3, rue Proudhon, dans le quartiers des Beaux-arts, à Montpellier.

Les 170 occupants de l’Utopia 3, squat situé dans le quartier des Beaux-Arts, à Montpellier, sont légalement menacés d’expulsion depuis le 12 septembre dernier. Aucune date d’expulsion n’a été fixée pour le moment, et la préfecture a promis de ne pas faire intervenir la police durant la phase de « négociation » avec les gestionnaires du squat, rassemblés au sein de la coordination Luttopia.

12 000 logements vides à Montpellier

Selon l’institut national de la statistique et des études économiques, il y a plus de 12 000 logements vides à Montpellier(1) et paradoxalement, on compte – malgré l’absence de chiffres officiels – plusieurs milliers de sans-abri, et la moitié des appels émis vers le 115, le numéro d’hébergement d’urgence, restent sans réponse.(2) Face à cette incapacité, ou ce manque de volonté, des pouvoirs publics à lutter contre l’errance et le mal-logement, des services sociaux redirigent parfois les sans-domicile vers… les squats, et notamment vers l’Utopia 3. Entre l’Utopia 1, squatté d’avril à octobre 2014, l’Utopia 2, squatté de décembre 2014 à octobre 2015 et l’Utopia 3, squatté depuis décembre 2016, ce sont ainsi plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux migrants, qui ont été hébergées, ne serait-ce que quelques nuits.

Charité bien ordonnée

Les gestionnaires de la coordination Luttopia refusent d’employer le mot squat, considéré comme « très connoté », et préfère parler de « réquisition citoyenne ».(3) L’un des occupants du lieu affirme qu’à l’Utopia 3, « les gens sont vraiment dans la construction, ici, tu apprends les valeurs de la République ».(4) La coordination Luttopia ne vise pas l’autogestion – c’est-à-dire une organisation fonctionnant par la prise de décision collective – mais préfère s’appuyer sur un noyau restreint de « responsables » chargés de tisser des liens avec des structures telles que la Ligue des droits de l’homme ou la fondation Abbé Pierre, la coordination Luttopia n’ayant jamais caché ses intentions de se doter, à terme, de salariés permanents. Pendant ce temps-là, les occupants de l’Utopia 3, pas forcément au fait des intentions de leurs gestionnaires, risquent de se faire bientôt jeter à la rue par la police.

Sources :

(1) « Logement en 2014 Commune de Montpellier (34172) », INSEE, 29 juin 2017.
(2) « Hébergement d’urgence : les appels au 115 aboutissent peu », Le Figaro, 28 décembre 2017.
(3) « Utopia 003 : 4000 m² de réquisitionnés au coeur de Montpellier pour les sans-abri », Le Poing, 25 avril 2017.
(4) « Montpellier : Les membres du Luttopia toujours déterminés malgré la menace d’expulsion », France 3, 22 septembre 2018.

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