Printemps étudiant : au moins 30 facultés touchées par la mobilisation contre la loi ORE

Le Poing Publié le 9 avril 2018 à 17:50 (mis à jour le 27 février 2019 à 13:04)

Cet état des lieux de la mobilisation étudiante contre la loi ORE a été publié le 9 avril à 14h. Envoyez-nous des nouvelles informations sur les luttes en cours sur lepoing@riseup.net

Facultés bloquées

Toulouse : À Toulouse, les étudiants du Mirail (sciences humaines et sociales) sont mobilisés depuis un an et demi contre la fusion de leur faculté avec celle de Paul-Sabatier (faculté des sciences) et la mise en place d’un Idex (label d’excellence), qui favorise le financement de l’université par des groupes privés. Le 13 décembre, les membres du personnel du Mirail se sont mis en grève et ont appelé à des AG communes avec les étudiants chaque semaine. Lors de ces AG, il a été décidé de bloquer les réunions des conseils d’administration. Ce mouvement a été enrichi par la mobilisation contre la loi ORE. Depuis le 8 février, le troisième étage du bâtiment de l’Arche est occupé nuit et jour. Le 6 mars, 800 étudiants se sont réunis en AG et ont voté le blocage de la faculté pendant une semaine, avec la mise en place de cours substitutifs. Le 13 mars, 2500 étudiants se sont réunis en AG et ont voté le blocage de l’université jusqu’au 15 mars (1391 pour, 680 contre). Une nouvelle AG a réuni 2000 étudiants le 15 mars et a voté pour le blocage jusqu’au 19 mars. Le 19 mars, la nouvelle est tombée : l’université de Toulouse ne bénéficiera pas de l’Idex. Le même jour, 1500 étudiants se sont réunis en AG et ont reconduit le blocage (998 pour, 446 contre). Le 20 mars, la ministre de l’enseignement supérieur a annoncé la dissolution de tous les conseils de l’université et leur placement sous la tutelle d’un administrateur provisoire. Le 21 mars, les étudiants grévistes ont bloqué le périphérique. 1200 personnes se sont de nouveau réunies en AG le 22 mars et ont voté la reconduction du blocage. Le 24 mars, l’université du Miral a accueilli la coordination nationale étudiante. L’AG du 26 mars a réuni 2000 étudiants et celle du 29 mars en a réuni 1000. Des demandeurs d’asiles ont occupé l’université à partir du 3 avril et 1000 étudiants se sont réunis en AG ce jour-là et ont voté pour la reconduction du blocage (696 pour, 267 contre). Les locaux de la Dépêche du Midi ont été envahis le 5 avril pour lutter contre le mauvais traitement médiatique de la mobilisation étudiante. Le blocage a été reconduit lors de l’AG du 6 avril.(1)

Nantes : Même s’ils doivent faire face à une forte répression policière, les étudiants nantais n’en sont pas moins mobilisés. En novembre 2017, ils ont réquisitionné un château sur le campus de la faculté des lettres et des sciences humaines pour héberger des migrants, qui ont été expulsés le 7 mars. Le bâtiment Tertre a été bloqué du 13 au 16 mars, à la fois pour dénoncer les expulsions et la loi ORE. Le 27 mars, 800 étudiants se sont réunis en AG et le 3 avril, ce sont au moins 1300 étudiants qui se sont réunis en AG et qui ont voté le blocus illimité.(2)

Montpellier : La mobilisation a débuté en novembre 2017 à Montpellier. Jusqu’en février, les AG rassemblaient une petite centaine de personnes. Le 1er février, 200 étudiants ont manifesté. Le 12 février, les étudiants mobilisés ont perturbé une réunion de la direction et se sont réunis en AG dans la foulée, et ont voté pour le blocage de la faculté le 15 février. 1000 étudiants se sont réunis lors de l’AG du 15 février et ont voté pour le blocage le 16 et le 26 février (les étudiants étant en vacances du 17 au 25 février). Le 26 février, la faculté a été bloquée et 800 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour le blocage de la faculté jusqu’au 2 mars. Le 8 mars, 150 membres du personnel se sont réunis en AG et ont voté la grève pour le 15 mars. Toujours le 8 mars, 1200 étudiants se sont réunis en AG et le blocage n’a pas été adopté à 600 voix contre et 487 pour. Le 15 mars, 150 membres du personnel se sont réunis en AG et ont voté pour la grève le 22 mars. Toujours le 15 mars, 1000 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour le blocage et l’occupation de la faculté. Le 21 mars, une AG s’est tenue dans la faculté de droit. Le 22 mars, après une manifestation, un millier d’étudiants ont investi un amphi de la faculté de droit et ont voté l’occupation pour la nuit. Ils ont été délogés dans la nuit par une milice armée, sous le regard complaisant du doyen de la faculté de droit. Le 27 mars, 2500 personnes se sont réunis en AG en plein-air et le blocage et l’occupation illimitée de la faculté ont été votés, ainsi que la démission de Macron. Le 4 avril, environ 500 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour engager des négociations avec l’administration.(3)

Rennes : L’université de Rennes 2 a été bloquée plusieurs jours en janvier, février et mars. L’amphi B7 est occupé depuis le 19 mars. La faculté a été rebloquée le 9 avril.(4)

Paris 8 : Le bâtiment A de l’université Paris 8 a été réquisitionné le 30 janvier par des étudiants pour héberger plusieurs dizaines de réfugiés. Le 29 mars, une AG a voté le blocage et l’occupation de la faculté à partir du 3 avril. Le 4 avril, environ 250 étudiants se sont réunis en AG. Le 6 avril, 800 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour la prolongation du blocage.(5)

Bordeaux : À Bordeaux, les étudiants du campus Victoire sont mobilisés depuis mi-février. Le 5 février, une AG a rassemblé environ 70 étudiants. La faculté a été bloquée le 1er et le 6 mars. Le 5 mars, l’amphi Gintrac a été occupé et le 6 mars dans la soirée, les policiers ont très violemment délogé les occupants. Le 8 mars, environ 300 étudiants se sont réunis dans l’amphi Gintrac et ont voté pour bloquer la faculté le 15 mars. Le 20 mars, 400 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour reconduire le blocage. Le 4 avril, plusieurs centaines de personnes se sont réunis dans l’amphi Gintrac pour une AG inter-luttes. Le 5 avril, les accès de l’IUT Bordeaux Montaigne ont été bloqués. Le campus Victoire est toujours bloqué.(6)

Nancy : Le 22 mars, 1000 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour le blocage de la faculté des sciences et des lettres à 607 voix pour et 366 contre. Le 5 avril, plus de 1200 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour la reconduction du blocage à 768 voix pour et 469 contre.(7)

Paris 1 : Le centre Tolbiac de l’université Panthéon-Sorbonne est parti au quart du tour. Le 23 mars, 250 étudiants se sont réunis en AG. Tolbiac a été bloqué à partir du 26 mars et les occupants ont alors créé la « commune libre de Tolbiac ». 1500 étudiants se sont réunis en AG le 3 avril. Le 6 avril, une vingtaine de fascistes ont attaqué la faculté et sont repartis sans avoir pu franchir les grilles de la faculté.(8)

Facultés qui ont déjà été bloquées

Besançon : 50 étudiants se sont réunis en AG à la faculté Megevand le 8 février. Les étudiants mobilisés ont occupé l’amphi Donzelot dans la nuit du 13 au 14 février et ont bloqué la faculté le 14 février. Le blocage a été levé lors de l’AG du 15 février. Les AG ont réuni 100 étudiants le 27 février, 100 le 6 mars, 150 le 20 mars et 50 le 28 mars.(9)

Poitiers : Mobilisés depuis mi-février, les étudiants de Poitiers ont multiplié les actions d’occupation et de blocage, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’université. Le 13 mars, le bâtiment de l’UFR SHA psychologie et géographie a été occupé. Le 19 mars, 200 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour l’occupation d’un amphi. Le 22 mars, un cortège mêlant des étudiants et des lycéens a été sévèrement réprimé par la police. L’occupation d’un amphi a été reconduit lors de l’AG du 24 mars. Le 28 mars, 200 étudiants se sont réunis en AG. Le 4 avril, les bâtiments de l’UFR des sciences humaines et d’arts ont été bloqués.(10)

Dijon : Malgré l’intervention de la police dans la faculté de Dijon le 16 mars contre une cinquantaine d’étudiants venus pour « accueillir » la ministre de l’enseignement supérieur, la lutte ne s’est pas arrêtée pour autant. Le 28 mars, une centaine d’étudiants ont occupé la maison de l’université. Le 4 avril, la faculté a été bloquée dans la matinée et débloquée dans l’après-midi par des étudiants anti-bloqueurs qui criaient : « Les anars, dehors ! »(11)

Pau : Le 21 mars et le 3 avril, les étudiants mobilisés ont bloqué le bâtiment de la faculté des lettres. Une AG a réuni une centaine de personnes le 4 avril.(12)

Grenoble : Une entrée directement dans le dur pour Grenoble avec l’organisation le 22 mars d’un rassemblement contre Frontex (agence policière anti-migrant) qui s’est soldé par une sévère répression policière et une dizaine de blessés. Le 3 avril, le bâtiment de la présidence a été occupé. Le 5 avril, l’UFR Arts et sciences a été bloqué et une AG de 400 étudiants s’est tenue dans la foulée. Les étudiants mobilisés ont annoncé leur volonté d’étendre le blocage au bâtiment principal de la faculté à partir du 9 avril.(13)

Limoges : Dans un premier temps, les AG de la faculté des lettres et des sciences humaines rassemblaient péniblement une soixantaine de personnes, alors les étudiants mobilisés ont décidé de bloquer la faculté le 22 mars et le 3 avril. Dans la foulée du blocage du 3 avril, une AG a réuni environ 200 étudiants et il a été décidé de continuer le blocage jusqu’au 6 avril.(14)

Lille : Le 26 mars, alors qu’il se tenait une AG de 250 étudiants à la faculté Lille 2 (droit et santé), des militants fascistes de Génération identitaire ont agressé un étudiant mais ont dû rapidement déguerpir face à la réaction des étudiants. Le 3 avril, les étudiants se sont réunis en AG à Lille 2 et ont voté pour le blocage illimité du campus Moulins à partir du 5 avril mais le 6 avril, la faculté était débloquée. À Lille 3, l’amphi B1 a été occupé entre le 21 mars et le 23 mars. Une AG inter-luttes a rassemblé 300 personnes à Lille 3 le 4 avril. Le 9 avril au matin, des policiers, dont certains munis de fusils-mitrailleurs, ont investi Lille 2 pour permettre la tenue des examens.(15)

Rouen : Le 27 mars, environ 250 étudiants, et quelques membres du personnel, se sont réunis en AG et ont voté le blocage du campus Mont-Saint-Aignan pour le 28 mars. Le 28 mars, une trentaine de personnes ont bloqué le campus et une centaine de personnes se sont réunies dans la foulée pour une nouvelle AG. Le 29 mars dans la matinée, les étudiants ont investi le bâtiment Satie mais se sont fait déloger par les agents de sécurité. Têtus, ils ont bloqué dans la foulée le bâtiment Lavisier. Le campus Mont-Saint-Aignan a de nouveau été bloqué le 30 mars. Le 3 avril, 200 personnes se sont retrouvées à une AG inter-professionnelle. Le 4 avril, environ 400 étudiants, dont quelques membres du personnel de l’université, se sont réunis en AG et ont voté le blocage de la faculté Mont-Saint-Aignan pour le 5 avril.(16)

Tours : Le 3 avril, 300 étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour le blocage de 3 jours reconductibles de la faculté des Tanneurs. Le 6 avril, environ 400 étudiants se sont réunis en AG et le blocage n’a pas été reconduit à 170 voix pour et 194 contre.(17)


Nice :
Malgré un contexte peu propice à la lutte sociale, le campus de Valrose a été bloqué les 3 et 4 avril. Les étudiants se sont réunis en AG le 6 avril et ont voté pour le déblocage de la faculté.(18)

Facultés dans lesquelles un amphi est occupé

Aix-en-Provence : À Aix-en-Provence, la mobilisation a débuté dès janvier : une centaine d’étudiants se sont réunis en AG le 23 janvier. Le 5 avril, plusieurs dizaines d’étudiants se sont réunis en AG et ont voté pour l’occupation de l’amphi Guyon de la faculté des lettres. L’amphi serait toujours occupé.(19)

Brest : Les étudiants brestois sont mobilisés depuis début février. Environ 300 étudiants de l’université de Bretagne occidentale (UBO) ont manifesté le 15 février. L’amphi 2 de la faculté Segalen (lettres et sciences humaines) a été occupé du 29 au 30 mars et est de nouveau occupé depuis le 3 avril.(20)

Lyon : Malgré un départ un peu tardif, environ 200 étudiants de Lyon 2 se sont réunis en AG le 3 avril. Une nouvelle AG s’est tenue le 4 avril et a voté l’occupation d’un amphi pour une semaine.(21)

Marseille : Le 5 avril, plusieurs centaines d’étudiants de la faculté des sciences Saint-Charles se sont réunis en AG et ont voté l’occupation illimitée d’un amphi.(22)


Facultés dans lesquelles un amphi a déjà été occupé

Strasbourg : Le 22 mars, des étudiants qui manifestaient ont investi le palais universitaire et se sont fait déloger par la police dans la soirée. Le président de l’université a décidé de fermer le palais universitaire jusqu’au 26 mars. Le 28 mars, environ 250 étudiants se sont réunis en AG. Le soir même, 6 étudiants et lycéens se sont fait agresser par des militants fascistes du Bastion social. Le 4 avril, une AG s’est tenue dans le Palais universitaire et l’occupation de nuit a été votée, mais les occupants ont de nouveau été expulsés par la police dans la soirée.(23)

Caen : Dans la foulée de l’AG du 28 mars, une trentaine d’étudiants ont occupé le bâtiment Vissol. Les policiers sont rapidement arrivés sur les lieux et les occupants ont décidé de sortir par eux-mêmes.(24)

Paris 10 : À Nanterre, faculté symbolique de la révolte de mai 68, la lutte contre le plan ORE est encore timide. 250 étudiants se sont réunis en AG le 5 avril et la faculté a accueilli la coordination nationale étudiante le 7 et le 8 avril. Le 7 avril, les étudiants ont réquisitionné un amphi. Les CRS sont intervenus le 9 avril au matin pour déloger les occupants de l’amphi.(25)

Facultés dans lesquelles un barrage filtrant a eu lieu

Clermont-Ferrand : Le 28 mars, plusieurs dizaines d’étudiants de la faculté des lettres se sont réunis en AG. Des barrages filtrants (blocage partiel des entrées avec tractages) ont été organisés le 3 et le 6 avril devant le site Gergovia.(26)

Orléans : Le 5 avril, une soixantaine d’étudiants se sont réunis en AG à l’initiative de l’UNEF. La mobilisation et le blocage partiel (barrage filtrant) pour le lundi 9 avril ont été votés. L’UNEF semble guider le mouvement.(27)

Metz : Le 5 avril, environ 250 étudiants se sont réunis en AG et ils ont organisé un barrage filtrant sur l’UFR des sciences humaines et sociales le 6 avril.(28)

Facultés qui ont organisé des assemblées générales

Le Mans : Une vingtaine de personnes se sont réunies en AG le 29 mars dans un amphi de la faculté des lettres.(29)

Angers : Le mardi 3 avril, alors qu’une quarantaine d’étudiants se réunissaient en AG, une quinzaine de militants fascistes du Rassemblement des étudiants de droite d’Angers sont rentrés dans l’amphi en proférant des menaces : « Si vous bloquez la fac, on fera comme à Montpellier ».(30)

Sources :

(1) Union des EtudiantEs de Toulouse
(2) France 3, 07/03 ; 20 minutes, 15/03 ; Ouest-France, 03/04
(3) Le Poing, 07/04
(4) 
Assemblée générale – Rennes 2
(5) Libération, 02/02 ; L’Humanité, 06/04
(6) Université Bordeaux Victoire contre la sélection ; Sud-Ouest, 05/04
(7) Ouest-France, 05/04
(8) Paris 1 mobilisée contre Macron et la sélection ; Les Occupant-e-s de la Commune Libre de Tolbiac
(9) Assemblée générale – Université de Franche Comté
(10) Assemblée générale de l’université de Poitiers
(11) France 3 Bourgogne Franche-Comté, 28/03 ; Le Bien Public, 04/04
(12) Sud-Ouest, le 22/03 et le 03/04
(13) France 3, 23/03 ; Libération, 05/04
(14) Le Populaire du Centre, 04/04 ; Université de Limoges, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
(15) La Voix du Nord, 23/03 et 06/04 ; Action antifasciste NP2C
(16) À l’Ouest, 06/04 ; Rouen dans la rue
(17) La Nouvelle République, 07/04
(18) Le Monde, 04/04
(19) Révolution permanente, 23/01France Bleu, 05/04 ; France 3 Provence Alpes Côte d’Azur, 07/04
(20) Ouest-France, 15/02 et 03/04 ; AG de lutte Brest
(21) Rue 89, 03/04
(12) France Bleu, 05/04
(23) Le Figaro, 05/04 ; AG des étudiant-e-s en lutte de Strasbourg
(24) Résistance-Caen
(25) Nanterre Vénère en lutte contre la sélection et le Plan Étudiant
(26) France 3 Auvergne Rhône-Alpes, 03/04 ; Clermont Mobilisée
(27) France Bleu, 05/04
(28) Le Monde, 06/04
(29) Ouest-France, 29/03
(30) Ouest-France, 03/04

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Loi asile-immigration : Macron s'attaque aux migrants