Université Paul-Valéry : la direction refuse de banaliser les cours et prend le risque d’un nouveau blocage

Le Poing Publié le 4 octobre 2018 à 14:11 (mis à jour le 17 novembre 2018 à 18:00)
Barricade devant l'entrée d'un bâtiment de la faculté Paul-Valéry pendant le mouvement social contre la sélection à l'université.

Blocage de l’université Paul-Valéry (Montpellier) lors du mouvement social du printemps 2018 contre Parcoursup.

Montpellier Poing Info, 4 octobre 2018 – La mobilisation contre Parcoursup reprend du service. La majorité des 250 personnes présentes hier lors de l’assemblée générale (AG) de l’université Paul-Valéry ont voté pour banaliser les cours le 9 octobre – jour de manifestation contre « la régression sociale » – et le 16 octobre – date de la prochaine AG. Dans un mail envoyé aux étudiants et aux équipes administratives et enseignantes, le président de l’université, Patrick Gilli, refuse de satisfaire la revendication des étudiants : « Alors que l’université Paul-Valéry se remet à peine du mouvement très dur de l’hiver et du printemps derniers, il est évidemment inenvisageable que de nouvelles perturbations viennent dégrader la situation sur le campus […] En conséquence, la direction de l’université ne banalisera pas les journées de cours des 9 et 16 octobre. »

Lors du mouvement social du printemps dernier, Patrick Gilli avait déjà opté pour une stratégie répressive : emploi d’agents de sécurité munis de chiens, recours aux forces de l’ordre, désinformation, etc. Ces mesures n’avaient cependant pas permis d’empêcher les étudiants mobilisés de bloquer la faculté pendant plusieurs mois et de réunir plusieurs milliers de personnes en AG. Au 5 septembre, le tableau de bord officiel des indicateurs de Parcoursup faisait état de 3 674 anciens lycéens fraîchement diplômés sans affectation et le chiffre s’élevait à 7 745 si l’on compte ceux qui ont eu le bac avant 2018, ce qui ne devrait pas contribuer à calmer la colère des étudiants mobilisés. Affaire à suivre.


Mail de la direction de l’université Paul-Valéry envoyé aux étudiants et aux membres du personnel :

Ce matin, un groupe d’étudiants et de non étudiants a occupé sans autorisation l’amphithéâtre 1, empêchant la tenue de deux cours prévus dans ce lieu.

Le syndicat Solidaires Etudiant-e-s, à l’origine du mouvement, a ensuite écrit par voie de mél à la présidence pour lui demander de banaliser les cours des 9 et 16 octobre. Demande est également faite pour ces mêmes jours de transformer l’amphi 1 en salle pour la tenue d’une AG. Précisons aussi que lors d’un vote en AG ce matin, il a été annoncé que si la direction refusait la banalisation, l’université serait occupée. Ce vote a cependant été obtenu à une courte majorité.

Alors que l’université Paul-Valéry se remet à peine du mouvement très dur de l’hiver et du printemps derniers, il est évidemment inenvisageable que de nouvelles perturbations viennent dégrader la situation sur le campus. La communauté universitaire dans son ensemble ne comprendrait ni ne tolèrerait la réitération des violences subies et des contraintes de tous ordres. Elle le comprendrait d’autant moins que l’université Paul-Valéry a accepté tous les candidats qui s’étaient inscrits sur ParcourSup, faisant par-là la preuve de sa volonté de maintenir une université accueillante et ouverte au plus grand nombre, sans discrimination.

En conséquence, la direction de l’université ne banalisera pas les journées de cours des 9 et 16 octobre. Que les syndicats mobilisent s’ils le souhaitent, c’est leur droit imprescriptible ; mais qu’ils le fassent sans contraindre des étudiants, des enseignants et des personnels administratifs à subir contre leur gré une privation d’activités.

Parce que nous avons aussi fait la triste expérience de ce que devenaient les amphithéâtres lors des occupations, nous n’entendons pas davantage accorder une autorisation d’accès aux amphithéâtres.

Chers et chères collègues, chers et chères étudiant-e-s, l’équipe de la présidence sait votre volonté de repartir de l’avant en ce début de semestre, dans les conditions qui permettent le libre exercice de nos métiers et de nos activités. Soyez assuré-e-s que nous sommes clairement engagés pour que notre université demeure toujours active et ouverte.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


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